Les étiquettes de Barbara Gourde

Aujourd'hui, Barbara Gourde vous emmène à Bangalore, en Inde, à la rencontre de Kumar, tisserand d'étiquettes.

Oui, parce que c'est bien joli de coudre ses fringues, mais quand on confond le devant et le dos de sa robe de bon matin, ça manque de classe! Je me suis donc mise en quête d'un tisserand d'étiquettes qui pourrait me faire ça. De tailleurs en tailleurs, l'adresse est la même. Rendez vous est pris pour mardi matin.

L'aventure commence sur le trajet, puisque l'entreprise est à 1h30 de chez nous. On se perd dans un dédale de petites rues animées et colorées comme je les aime tant en Inde. Une vache à gauche, un marchant ambulant de fruits à droite, les motos, les rickshaws, les femmes en sari avec les courses sur la tête, et les enfants en uniforme qui sortent de l'école.. Allez, avouons-le, c'est un vrai bordel!

Régulièrement, on se gare, on demande notre chemin, on repart, on appelle le monsieur, on lui dit qu'on est perdus, ... En Inde, chaque trajet vers un point inconnu devient une aventure et justifierait à elle seule la sortie! Nous finissons par arriver devant son entreprise, où il faut escalader sur un grand tas de sable pour accéder à la porte. Porte qui mène dans un long couloir étroit et innondé. Nous prennons la première à gauche et arrivons dans une salle en terre battue où trone LA machine.

La machine, construite par le grand père de Kumar, a déjà cinquante ans d'étiquettes derrière elle. 15 étiquettes par minute siouplait!

Le motif est d'abord "dessiné" sur ces grandes courroies en bois, à la manière des cartes perforées des orges de Barbarie.

Une petite vidéo pour vous rendre compte de la bête et du boucan qu'elle fait!

Ces étiquettes sont vendues à des tailleurs 0,45 roupies l'unité, soit ...humhum.. un demi centime d'euro.

Je décide donc de passer à la qualité supérieure pour ...re-humhum... 0,11€ l'unité. Kumar me présente son catalogue, vaste collection d'étiquettes de marques locales et de contrefaçons internationales (non, je ne crois pas que les Galleries Lafayette fassent imprimer leurs étiquettes chez Kumar!).

Je me décide pour un doré sur fond noir (oui, depuis ma récente bougie en plus sur le gateau d'anniversaire, je me mets à aimer le doré.. c'est grave docteur?).

Vient le moment de grâce où j'inscris Barbara Gourde sur le calepin de Kumar. Avec autant de r à rouler, entendre un indien dire "Barrrrbarrrra Gourrrde", c'est un vrai plaisir!!

Il recopie proprement en imitant des polices (non, pas d'ordi...), nous convenons donc d'une écriture cursive fine, sur une étiquette de 0,25 cm sur 6 de long. Il veut m'en faire 3000, ce qui me parait un peu beaucoup, même si j'étiquette TOUTES mes chaussettes pour ne pas les perdre en classe verte. Je négocie finalement 1500 étiquettes - j'en ai quand même jusqu'à ma mort!

"Je t'appelle quand c'est prêt. Maaaais... ça veut dire quoi Barbara Gourde?"

Comme en Inde,

rien ne se passe JAMAIS comme prévu,

l'aventure des étiquettes n'est pas encore terminée!

A suivre...

Comments

[christine]

tu me fais trop rire, note qu on pourrait lui en commander à ce brave monsieur,

[kalua]

je bosse dans le textile (en France) et j'ai eu l'occasion de visiter des fournisseurs potentiels en Inde... Je comprend assez bien le sens de ta phrase "en Inde, rien ne se passe jamais comme prévu"....

je viens de découvrir ton blog, j'adore !