Un article un peu particulier chez Barbara Gourde aujourd'hui,

car je vous emène chez ZOETEX

une entreprise de fabrication de vêtements basée à Bangalore.

C'est la pétillante Fanny, styliste Française passionnée, qui nous accueille.

Fanny a fait l'école ESMOD, comme mon gourou de couture Marikiki. Elle a fondé l'entreprise avec son mari, Srinath, en 2007. Un tadem franco-indien qui fonctionne bien, elle à la création/technique, lui à la gestion. Ils travaillent pour des marques connues (Chatawak, Pimkie, Etam, Ipanema, Bonpoint, Petit Bateau, Catimini...) et de petits créateurs.

Cet article n'a pas vocation de rentrer dans le débat sur les conditions de travail des ouvriers textile en Inde, c'est juste un petit aperçu du travail de Fanny, et de ce à quoi peut ressembler une production à grande échelle, loin ne nos petits ateliers.

On commence par le début: le patron!

Quand une marque demande à Fanny de produire un vêtement, elle lui explique ce qu'elle veut de manière visuelle et précise. Un cahier des charges avec un barème de mesure, des croquis et des schémas renseignent sur la référence Pantome des couleurs, ou l'espacement des rayures sur un tissu rayé par exemple. Il y a aussi des instruction sur la taille, la couleur et la gravure des boutons, la nature et emplacement des broderies, ou des étiquettes de la marque, des instruction de lavage, ... Ca parait évident, mais il y a tant de détails auxquels on ne pense pas!

Si c'est un petit créateur qui pousse la porte de ZOETEX, Fanny utilisera ses compétences de patronnage et proposera au client un vêtement qui colle à ses demandes.

C'est principalement des tops et des robes en maille ou en chaine et trame qui sortent de l'atelier, ainsi que des chemises, des sacs et des pochettes, ... la production de pièces plus conséquentes comme les manteaux étant plutôt localisée en Chine.

Le vêtement est réalisé une taille en deux exemplaires : l'un est envoyé au client en France, l'autre reste en Inde et servira de référence en cas de modifications par le client. Si le prototype est validé, on part du patron de la taille du prototype et on fait la gradation, c'est à dire qu'on crée le patron pour les tailles plus petites et plus grandes.

A partir de là, la production peut commencer. Il y a beaucoup de travail avant de se mettre à la table de coupe : achat du tissu, teinture ou impression, gravure des boutons, et broderies éventuelles. Toutes ces étapes sont, pour l'instant, effectuées par des entreprises extérieures.

Quand le tissu arrive sur la table de coupe, qui doit être grande comme deux fois notre cuisine, le tissu est installé de manière à pouvoir couper plein de pièces à la fois comme un mille feuille. Plein? Il peut y avoir 15 cm de tissu sur la table.

Tu t'en doutes, point de ciseaux assez grands, on coupe avec un genre de scie sauteuse comme celle là:

Non loin de la table de coupe, on trouve la thermocolleuse. Hé oui, on ne joue pas dans la même cour Fanny et nous!

On arrive enfin devant notre machine à coudre! Il y a soixante machines dans l'atelier. Le nombre d'employés varie en fonction des commandes. Une équipe de dix personnes est toujours présente. Chacun a des compétences bien précises. On bosse à la chaine: l'un pose le zip, l'autre fait la couture de côté, un autre repasse, le dernier fait l'ourlet. Dans l'industrie, point d'épingles! On ne pique rien, ça va sous le pied presseur direct! S'il y a une erreur de coupe, de montage ou de couture, la pièce est perdue. Hé oui, on est loin de nos ateliers escargots! Ici, pas le temps de découdre ou de corriger.

Les machines fonctionnent au rythme des commandes, et surtout des besoins. Il y a des machines à coudre et des recouvreuses, bien sur, mais aussi plein de machines inconnues qui font des merveilles: Une machine à faire des smocks, une autre pour faire des sangles, d'autres pour poser des boutons, ... On trouve soudain notre machine un peu ridicule!

Les ouvriers travaillent de 9h30 à 18 heures. Ils ne sont pas payés à la pièce, mais touchent un salaire mensuel fixe. Comme l'histoire se passe en Inde, il faut s'adapter en fonction des événements religieux ou des périodes de mariages qui ponctuent l'année. L'arrivée de la mousson a aussi son importance, car qui dit mousson, dit coupures d'électricité à répétition. Pas facile dans ce cas de faire fonctionner un atelier au rythme des commandes européennes!

Les commandes peuvent varier de 100 pièces à 50 000 pièces selon que Fanny travaille pour un petit créateur ou pour une grosse entreprise. Dans ce cas là, les délais de production sont parfois très courts, il faut donc s'adapter à leur demande et surtout à leur planning!

Un contrôle qualité est effectué par Fanny et son équipe, formée en conséquence, mais il arrive parfois que des clients se rendent sur place pour vérifier le travail.

Une fois terminés, les vêtements sont emballés et expédiés en France par avion ou par bateau selon le nombre de pièces et le temps dont dispose le client. En dessous de 5000 ou 10000 pièces, la livraison se fait par avion en 7 jours. Sinon, c'est 45 jours de bateau!

Voilà, vous savez tout! J'espère avoir réussi à vous montrer les points clés de la couture à grande échelle.

Revenez maintenant à vos ciseaux et à vos épingles, faites vous un thé bien chaud, et faites ronronner la machine! Chez nous, ya pas le feu!

Visite d'un atelier textile

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